Comment ralentir dans ce monde de fou?
- Vata
- 9 févr. 2022
- 7 min de lecture
Avez-vous l’impression de toujours courir comme un hamster dans sa roue, sans jamais voir le bout?
Avez-vous souvent l’impression d’avoir la langue à terre, d’être à bout de souffle et de toujours avoir l’impression de manquer de temps pour ce qui compte vraiment?
Êtes-vous de ces gens qui ne peuvent jamais s’arrêter, pour qui la performance est une seconde nature?
Si vous avez répondu oui à l’une ou l’autre de ces questions (ou à toutes!), cet article est pour vous!
Nous vivons dans un monde de fou, n’est-ce-pas? Un monde où la vitesse est reine et où la performance, l’accomplissement et le travail acharné sont valorisés. On n’a qu’à penser à notre impatience face à quelqu’un qui roule lentement sur la route, face à une longue attente dans une file à l’épicerie ou à une connexion internet qui ne fonctionne pas optimalement. Fini également l’époque où on s’envoyait des lettres par la poste et où on attendait avec hâte la réponse. Maintenant, on s’envoie des textos et si la personne ne répond pas instantanément, parfois on trépigne.
On court, on court, du matin au soir pour aller conduire les enfants à l’école ou à la garderie, pour aller travailler, pour préparer les meilleurs repas, pour s’entraîner, pour s’impliquer socialement. Juste à écrire ces mots, je me sens essoufflée…
Et quand on a une chance de s’arrêter, on tombe malade, parce que notre corps est épuisé, fatigué d’être ainsi balloté d’un bord et de l’autre sans jamais se reposer.
Vous vous reconnaissez?
Ne vous en faites pas. Ce rythme effréné a déjà été le mien. Il n’y a pas si longtemps, je courrais ainsi sans arrêt entre mon emploi à temps partiel, les cours de yoga du soir, la famille, les sports des enfants, les repas, les emplettes, la gestion de mon entreprise et des réseaux sociaux. 😵
Mon horaire était tellement plein que je n’avais pas le temps pour les imprévus. Si une situation inattendue se glissait dans mon emploi du temps, tout se désorganisait. Et mon discours interne commençait à devenir accusateur : « Tu y arriveras jamais. T’es pas assez bonne. T’es pas assez efficace. »
Et alors que ces mots s’introduisaient dans mon esprit, j’avais l’impression que je devais en faire toujours plus pour compenser ce manque d’habiletés de ma part à tout accomplir. Juste à l’évocation de ces souvenirs pas si lointains, mon corps se crispe et ma respiration se bloque.😅
Puis à un moment donné, je me suis vu aller. Puis, je me suis dit : «Ça se peut pas que ce soit ça la vie.» Je n’avais vraiment plus envie de cette course folle. J’ai donc osé ralentir. Je savais comment faire, mais parfois emportée par le tourbillon de ma vie, j’oubliais comment le mettre en pratique. Alors, j’ai fait des choix qui ont créé de l’espace dans mon horaire. J’ai changé certaines de mes certitudes par rapport à l’efficacité qui ont ramené les choses en perspective. J’ai ralenti ma cadence et j’ai retrouvé une certaine forme de calme à l’intérieur de moi.
C’est loin d’être parfait! Il m’arrive encore de courir, d’oublier de m’arrêter, de me laisser emporter dans le tourbillon de ma vie. Mais de plus en plus, je suis consciente de ma tendance naturelle à aller vite, et quand l’essoufflement revient, je prends le temps de me poser et de regarder honnêtement mes choix et je me permets d’en revisiter quelques-uns pour ralentir le pas.
Ralentir est un choix! Et vous pouvez vous aussi faire ce choix. Je vous donne quelques pistes de réflexion à explorer pour vous aider à ralentir aussi.
1- Avant de se lancer, respirer!
Si vous avez déjà fait de la course ou du jogging, vous savez que lorsqu’on court, on devient essoufflé. C’est la même chose dans notre vie. Quand on court sans arrêt d’un endroit à l’autre, d’une activité à l’autre, on s’essouffle et bientôt on ne peut plus avancer. On doit plier les genoux, déposer nos mains sur nos cuisses et prendre un temps d’arrêt.
Et si on prenait simplement le temps de respirer avant de se lancer? Avant de dire oui à un nouveau projet ou à une invitation?
Prendre une respiration avant de se lancer permet de se reconnecter à son ressenti. Est-ce que mon corps dit oui à cette invitation ou il se crispe? Bien souvent, on a envie de dire non et on dit oui quand même, de peur d’être jugé ou de déplaire. La prochaine fois que ça vous arrive, posez-vous cette question : « Est-ce qu’en disant oui à ceci, je me dis aussi oui à moi-même? ».
Respirer permet aussi de prendre un temps de réflexion. Est-ce que j’ai le temps pour cet ajout à mon horaire? Est-ce que j’ai vraiment le goût? Quel sacrifice je devrai faire pour que cet ajout puisse entrer dans ma vie? Parce qu’on a tous 24h dans chaque journée et que quand on ajoute des choses dans notre horaire, ça implique automatiquement que d’autres doivent en sortir, comme quand on achète de nouveaux meubles à la maison… Respirer permet donc de voir si on a envie de sacrifier certains meubles au profit de d’autres.
Quand on prend une respiration avant de répondre ou de se lancer, on fait des choix plus alignés et il y a de fortes chances qu’on se sente moins essoufflés. Du moins, ça vaut la peine de tenter l’expérience…
2- Revisiter ses perceptions par rapport à l’efficacité
D’aussi loin que je me souvienne, on a beaucoup valorisé le FAIRE dans ma famille. Plus tu en fais, plus tu es bon. Plus tu es capable d’en prendre, plus tu es efficace. J’y ai longtemps cru. Je croyais que plus j’en faisais, plus j’étais appréciée, plus on m’aimait et on était fier de moi.
Mais plus je faisais, plus je m’épuisais et à un certain moment, je devais tout arrêter parce que j’étais malade, épuisée, et disons-le, ben écœurée! Même les activités que j’aimais venaient à me peser… Jusqu’au jour où j’ai remis en question ma définition de l’efficacité. Est-ce vraiment si efficace de courir sans arrêt et d’accomplir plus, plus, plus si je dois m’arrêter pendant des jours parce que je n’en peux plus?
J’ai décidé alors de faire plus de place à l’ËTRE dans ma vie. Quand je m’accorde du temps pour être, pour vivre le moment présent, pour faire des choses que j’aime, quand j’ose ralentir, je n’ai pas besoin de m’arrêter aussi souvent. Au lieu de courir, je marche, et je résiste plus longtemps. Et en bout de ligne, j’accomplis plus et je suis davantage dans un état de plaisir et de calme.
J’ai longtemps hésité à ralentir et à en faire moins de peur qu’on dise de moi que je suis paresseuse. J’ai réalisé avec le temps que cette croyance limitante m’empêchait d’avancer à mon rythme et sapait mon énergie. En bout de ligne, ça ne rendait service à personne. J’ai donc changé ma perception de l’efficacité. Aujourd’hui, j’arrive à travailler moins, mais mieux et à mettre mon énergie sur ce qui a réellement de l’impact. Est-ce que je suis moins efficace? Je dirais que je le suis plus… Qui plus est, j’ai l’impression d’être plus heureuse. Vous ne me croyez pas? C’est parfait! Essayez-le!
3- Ralentir son pas
Vous êtes-vous déjà observé marcher? À quelle vitesse marchez-vous dans la rue, dans les couloirs au bureau, dans les allées à l’épicerie? L’an dernier, je travaillais dans un centre de formation pour adultes. Lors d’une journée particulièrement bien remplie et occupée, je me suis rendu compte que je courrais presque dans les corridors pour aller à la rencontre d’un collègue ou me rendre au photocopieur. En m’en apercevant, j’ai consciemment ralenti le pas. Tout de suite mon rythme cardiaque et ma respiration se sont apaisés. Je n’ai pas accompli moins ce jour-là, et j’étais beaucoup plus détendue le soir en arrivant à la maison. Tentez l’expérience vous aussi, juste pour voir! Regardez-vous aller. Et osez ralentir votre pas pour voir le changement d’état s’opérer à l’intérieur de vous.
4- Pourquoi courrez-vous?
Est-ce que vous courrez pour fuir quelque chose? Est-ce que vous avez peur qu’une fois à l’arrêt, certaines émotions inconfortables viennent vous hanter? Est-ce que vous ressentez de la pression? Est-ce que vous vous sentez coupable quand vous ne faites rien? Qu’est-ce qui vous fait courir?
Initier cette réflexion n’est pas nécessairement facile et confortable. Mais si on ose regarder avec honnêteté les raisons qui nous poussent à courir, si on ose vivre nos émotions, les belles comme les plus désagréables, il y a fort à parier qu’on ralentira le rythme et qu’on aura l’impression de goûter davantage notre vie et de moins la vivre sur le pilote automatique, comme un robot, boulot-dodo, boulot-dodo, boulot… zzz… 🙄
En initiant cette réflexion, on pourra aussi se rendre compte que la pression qu’on ressent ne vient pas nécessairement de l’extérieur et que très souvent, c’est nous qui nous l’imposons. Alors, allez-y, posez-vous honnêtement la question : « Pourquoi je cours? ».
5- Vivre comme les Danois
Les habitants du Danemark sont les plus taxés au monde et vivent sous un climat peu clément. Pourtant, ils sont parmi les gens les plus heureux de la planète. Pourquoi? Parce qu’ils osent vivre lentement et cultivent le hygge, un art de vivre qui vise à mettre l’accent sur le moment présent, la lenteur et la qualité de présence.
Notre mode de vie serait l’un des facteurs clés responsables de notre bonheur, les deux autres étant la génétique et les politiques sociales, deux facteurs sur lesquels nous avons peu, voire pas, de contrôle…
Prendre son temps, être reconnaissants, être dans le contentement, accorder de l’importance aux petites choses, aux petits bonheurs sont autant d’éléments faisant partie du hygge dont on peut s’inspirer dans notre vie. Je vous propose d’ailleurs 6 activités réconfortantes, inspirées de cette philosophie, à pratiquer cet hiver, sur ma page Facebook. Je vous invite à aller la consulter pour vous inspirer.
Pour en savoir plus sur ce mode de vie, je vous invite à lire Le livre du hygge de Meik Wiking.
6- Vivre lentement
Un autre mouvement né dans les années 80 en Italie gagne de plus en plus en popularité dans notre monde de vitesse : le Slow living. Inspiré du mouvement Slow food qui vise à prendre le temps de cuisiner des aliments frais, à cultiver ses propres légumes ou à cuire son propre pain, le Slow living vise à prendre son temps, à miser sur la qualité des moments plutôt que sur la quantité, à réduire notre consommation, à redéfinir la notion de productivité pour travailler moins, mais mieux et être davantage présent à chaque instant de notre vie. Les Italiens sont passés maîtres dans l’art de ne rien faire et de profiter de la vie. Et si on osait les imiter un peu plus?
Pour en savoir plus sur le Slow living et apprendre à vivre plus lentement, lisez le livre Éloge de la lenteur de Carl Honoré.
Ces quelques pistes de réflexion sans prétention sont simples, mais pas toujours faciles à appliquer. Il ne s’agit pas ici de tout changer d’un coup. Je vous invite plutôt à essayer de les mettre en pratique, une à la fois, et à observer les changements d’état qu’ils génèrent en vous… Vous m’en donnerez des nouvelles!
Avec douceur,
Annie 😊
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